mercredi 14 mars 2012

La masturbation prévient le cancer de la prostate


Dangereuse ! Scandaleuse ! La masturbation a longtemps été considérée
comme la mère de tous les vices. Mais voilà une étude qui pourrait
définitivement tordre le cou à ce mythe. Des pratiques solitaires
fréquentes préviendraient le cancer de la prostate, responsable de 10
000 décès chaque année.

"Tu vas devenir sourd !", "Ca va te rendre idiot !"… De telles menaces
ont longtemps contribué à la mauvaise réputation de la masturbation.
Mais alors que le caractère inoffensif de l'onanisme est aujourd'hui
démontré, voilà qu'une nouvelle étude scientifique lui attribue même
des effets bénéfiques. Pratiqué fréquemment, il pourrait prévenir le
cancer le plus répandu chez l'homme.
Jeux de mains…

ProstateLa prostate intervient dans la production du sperme
(production du liquide séminal, mélange avec les spermatozoïdes) avant
que celui-ci ne passe dans l'urètre au moment de l'éjaculation. Outre
son rôle dans la reproduction, cette petite glande est l'objet de
toutes les attentions puisqu'elles est à l'origine de plus de 40 000
nouveaux cancers et de 10 000 décès chaque année. Face à cette
situation, différents scientifiques se sont intéressés aux relations
entre cette maladie et les comportements sexuels. L'étude la plus
récente est aussi la plus étonnante !

Entre 1994 et 1998, une équipe de chercheurs du Centre d'épidémiologie
du Cancer de Melbourne (Australie)1 a demandé à 1 079 hommes atteints
d'un cancer de la prostate diagnostiqués avant 70 ans de remplir un
questionnaire sur leurs habitudes sexuelles. Leurs réponses ont
ensuite été comparées à 1 259 hommes en bonne santé du même âge.

L'équipe conclut que plus les hommes éjaculent entre 20 et 40 ans,
moins ils risquent de développer un cancer de la prostate. Et la
prévention n'attend pas le nombre des années, puisque l'effet
protecteur le plus visible concerne les jeunes hommes. Les hommes qui
éjaculent plus de cinq fois par semaine durant la vingtaine d'années
réduiraient d'un tiers leur risque de développer un cancer de la
prostate au cours de leur vie !
Préférez le solitaire au jeu de dames ?

Mais ces résultats risquent ainsi d'ébranler quelques certitudes. Dans
cette étude, aucune association avec le nombre de partenaires sexuels
n'a été mise en lumière. Pourtant, plusieurs travaux avaient évoqué
une telle influence. En juin 2001, une étude américaine2 avait même
mis à jour une relation directement proportionnelle. Les plus grands
séducteurs plus de 30 partenaires) étaient plus souvent touchés par
des formes agressives de ce cancer. Les auteurs avaient alors évoqué
la possible responsabilité d'une ou plusieurs infections sexuellement
transmissibles. L'augmentation des cas de cancers chez des patients
ayant rapportés un passé de blennorragie ou de syphilis accréditait
cette piste. Pour en savoir plus sur cette étude, lisez notre article
"Incorrigibles séducteurs, attention à votre prostate !".

Dans l'hebdomadaire scientifique New Scientist3, les auteurs
australiens estiment que leurs résultats ne sont pas en contradiction
avec l'hypothèse infectieuse, bien au contraire. La différence entre
les deux études repose sur l'activité sexuelle prise en compte.
L'enquête américaine retient la quantité de rapports sexuels, alors
que les chercheurs australiens prennent en compte le nombre
d'éjaculations, avec ou sans partenaire. Le sexe en solo ne
comporterait ainsi pas le même risque infectieux, comme le confirme
l'un des auteurs Graham Giles : "Si nous avions pu isolé les
éjaculations associées à des rapports sexuels, nous aurions
certainement pu constater un effet protecteur encore plus important".
La prévention à portée de main

Mais quelles hypothèses peuvent accréditer ce pouvoir protecteur des
pratiques solitaires ? Selon les auteurs, cette activité limiterait
l'accumulation de liquide séminal. Certains composés de ce fluide
constituant du sperme (potassium, zinc, fructose, acide citrique ainsi
que du 3-methylcholanthrene pour les fumeurs) pourraient avoir des
propriétés cancérigènes en cas de stagnation dans les canaux de la
prostate. Cette hypothèse repose ainsi que un raisonnement assez
simple, plus le flot dans ces "tuyaux" est important, moins les
substances qu'ils contient peuvent s'y accrocher et endommager les
cellules qui le constituent. Autre possibilité, l'éjaculation pourrait
induire une maturation plus complète des cellules prostatiques, les
rendant ainsi moins susceptibles de devenir cancéreuses. Mais pour le
moment, il ne s'agit-là que de simples spéculations.

Et si demain, un bon régime alimentaire et l'exercice physique
n'étaient plus les seuls conseils d'hygiéno-diététiques prodigués par
votre médecin ? Rassurez-vous Messieurs, avant que votre médecin ne
vous encourage à vous masturber régulièrement, les résultats de cette
étude devront être confirmés.

Néanmoins, cette pratique étant inoffensive, rien ne vous empêche de
prendre dès maintenant votre santé en main…

David Bême

1 - BJU International 2003 92 (3), 211
2 - Am J Epidemiol. 2001 Jun 15;153(12):1152-8
3 - New Scientist 19 juillet 2003

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire