mardi 20 mars 2012

CORRUPTION ROUTIERE AU CAMEROUN : MAIS POURQUOI DONC RIEN NE CHANGE ?



La police et la gendarmerie Camerounaises ont  la spécificité d’avoir défié le profil et les priorités de carrière d’un policier ou d’un gendarme telles que mises sur pied par le colonisateur Français. Chez nous, le meilleur poste de travail auquel aspire un  policier, est le contrôle routier. Une contradiction totale avec la police occidentale pourtant mère de la Camerounaise, où la pire insulte à faire à un policier est de l’envoyer à la circulation routière. En occident, le policier rêve des grandes enquêtes où il va élucider les forfaits les plus obscures alors qu’au Cameroun policiers et gendarmes vous maudiront du plus mauvais sort si vous les retirez de la route. La raison de cet antagonisme est simple : la corruption !
Les «  hommes en tenue » Camerounais se comportent en bordure de la route exactement comme dans leur cacaoyère où rien n’est abandonné un tant soit peu  et toute fève à un prix; maitres absolus du destin des usagers à qui ils dictent tout, même des lois non écrites !Autant dans une cacaoyère les herbes n’ont aucune raison d’être, autant en bordure des routes tout est en délit ; les voitures ne manquent point de motif accusatoire. Entre le dossier véhicule, la carrosserie, le chauffeur, les passagers et les bagages, le malin  policier finit toujours par tirer son épingle du jeu, j’allais dire, par faire feu de tout bois, même sur l’Azobé !
Principale cause, la législation permet le contrôle routier des voitures au bord de la route tandis qu’en Europe, ce n’est que dans les stations taxi que les policiers vérifient la régularité d’une voiture avec la loi ; en route le contrôle ne sert qu’à discerner les véhicules qui dépassent les limites de vitesse ,entre autres. Un deuxième élément favorable à la corruption routière est la cherté d’une verbalisation pour délit de fuite entre autres de la part du chauffeur. Après le passage obligatoire au tribunal  où il est sera jugé, il récoltera d’une amende d’au minimum 50.000fcfa. De ce fait, entre donner 500f ou moins au policier «  là là là » en bordure de route et récolter  une amende de 50.000fcfa au moins à la barre, même un crétin a vite fait le choix. La qualité des voitures qui circulent au Cameroun, que ce « clando » ou « opep » entre autres et la régularité envers la loi  de celles-ci forment un mélange de mauvais genre où les deux sont rarement miscibles et permettent à tout policier de se surprendre une royauté essentiellement routière qu’il applique à coups d’extorsions de fonds à ses sujets. Un pays d’aveugle donc, dont les borgnes sont devenus rois sinon dictateurs. Approchés pour avoir leur avis sur ce problème, des policiers déclarent devoir récupérer l’argent en pot –de –vin qu’ils ont versés pour passer le concours de police. Il est vrai que cette pratique avait éclos officiellement  en 2001, quand une liste de 1500 élèves-policiers frauduleusement admis au concours avait été publiée dans Cameroontribune. Mais curieusement, rien n’a été fait contre eux. Mais pourquoi donc ?
Les discours du chef de l’Etat, en guerre contre ces pratiques, ont été emportés par le vent. Les sanctions, toujours laxistes, sont une sorte d’appel à la sinécure pour les incriminés. Pis-encore, l’arrivée de la CONAC sur la scène politique n’a produit aucun effet sur la corruption routière .Le premier rapport de celui-ci oublie carrément le bakchich du bord de la route, pourtant, ils empruntent tous le macadam. Aucune volonté politique manifeste de la part du gouvernement ne s’élève contre ce fléau à travers par exemple, des licenciements et autres sanctions très forts, véritables précédents dans la lutte contre ce mal, à l’exemple de l’arrestation de Siyam Siwé. C’est comme si les politiques, qui ont tous été en Occident et savent comme se règle la circulation sans délit et sans défaut, avaient abandonné ce secteur à la camorra des commissariats et brigades.
Une arrivée à la Zorro dans le bordel du contrôle routier pour foutre tout en l’air à grands coups de pieds est la solution qui pour l’instant attend quand la poule aura les dents. Dans ce cas, pourquoi donc rien ne change ?
Comme le temps passe et rien ne bouge, c’est que forcément, il y a tapis dans l’ombre, un homme assez puissant qui tire les ficelles de la géante pieuvre. C’est donc lui qui distille le tempo dans la famiglia.En version mafia, on dirait que la combinazione sous la foi de l’ormetta est chapeauté par un grand capo, il capo de tutti capi,le dieu de cette gangrène.
Jusqu’ici vu comme étant  l’arbre qui cache la forêt, c’est-à-dire le point saillant d’un iceberg immergé ; la corruption routière qui résiste à tout, même à l’usage du temps, est en réalité plutôt la forêt qui cache un arbre, c’est-à-dire qu’un grand seigneur se cache derrière cette malversation pour exister. Ne laisse-t-on pas sciemment policiers et gendarmes s’occuper de la route au lieu du droit ? Ayant été trempé dans le mal jusqu’au cou grâce à la bénédiction toute puissante, peuvent-ils encore empêcher le seigneur de tourner en rond ?
Des corrompus que l’on voudrait utiliser contre la corruption…

Dimitri Mbouwe

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