dimanche 30 décembre 2012

Napoléon n'a pas été vaincu par les canons ou l'hiver russes


Sans les poux, les Russes n’auraient pas pu battre l’empereur français lors de la campagne de Russie de 1812.

«La retraite de Moscou», d'Adolph Northen/Wiki Commons. - «La retraite de Moscou», d'Adolph Northen/Wiki Commons. -
Nos livres d’histoire nous ont appris que Napoléon, lors de son invasion de la Russie en 1812, avait marché sur Moscou avec une armée à peu près intacte et n’avait été forcé de battre en retraite que parce que les Moscovites avaient incendié les trois quarts de leur ville, privant ainsi son armée de nourriture et de vivres.
Le rude hiver russe avait alors décimé l’armée en retraite. La victoire russe, commémorée par l'Ouverture 1812 de Tchaïkovski, resta dans les mémoires comme l’un des grands revers de l’histoire militaire.
Mais personne n’a reconnu la véritable grande puissance de cette guerre.
A Vilnius, en Lituanie, à l’hiver 2001, des ouvriers creusèrent des tranchées pour enfouir des lignes téléphoniques et démolirent les vieux baraquements soviétiques qui se dressaient là depuis des décennies. Un jour, un bulldozer déterra un objet blanc. Le conducteur descendit de sa machine et, à sa grande surprise, découvrit un crâne et des os humains. Un autre ouvrier raconta plus tard que «les choses ne cessaient de sortir du sol—il y en avait des milliers».
Huit ans plus tôt, une fosse contenant les dépouilles de 700 personnes assassinées par le Comité pour la sécurité de l’Etat, ou KGB, avait été mise au jour. Etait-ce l’un de ces endroits secrets où le KGB disposait de ses victimes? Ou bien l’une des fosses communes où des Juifs avaient été massacrés en masse par les nazis?
Quand les archéologues de l’université de Vilnius arrivèrent, ils constatèrent que les corps étaient enfouis sur trois rangées dans des tranchées en forme de V, apparemment creusées pour servir de positions défensives. Il apparut que les squelettes étaient les dépouilles de soldats.
Deux mille d’entre eux furent exhumés, ainsi que des boucles de ceinture portant des numéros de régiment. Ils trouvèrent également des pièces de 20 francs datant du début des années 1800. Les scientifiques finirent par comprendre ce sur quoi ils étaient tombés: les vestiges de la Grande Armée. Napoléon avait conduit 600.000 hommes en Russie avec la ferme intention de conquérir le pays; pas plus de 30.000 y survécurent, et parmi eux, on dit que moins d’un millier furent capables de reprendre un jour du service.

L'ennemi microscopique

Quelles incroyables circonstances ont-elles bien pu causer la déroute de l’une des plus grandes armées du continent européen, menée par l’un des plus grands généraux de tous les temps?
Etonnamment, ce ne fut pas les soldats ennemis ou les privations que les soldats subissent d’ordinaire qui décimèrent l’armée de Napoléon. La plupart de ses soldats étaient de jeunes hommes endurcis par la guerre, normalement capables de supporter le froid, les longues marches et l’épuisement.
Non, l’armée de Napoléon et ses grands projets de conquête furent ravagés et annihilés par un organisme microscopique: le microbe du typhus, propagé lors d’une invasion de poux.
Au départ, Napoléon n’avait aucune raison valable d’envahir la Russie. Son armée avait vaincu l’armée russe à la bataille de Friedland en juin 1807, et le 7 juillet de la même année, la France et Alexandre Ier de Russie avaient signé le traité de Tilsit qui faisait des deux pays des alliés (et, entre autres choses, interdisait à la Russie toute relation commerciale avec la Grande-Bretagne). Curieusement, Napoléon ne s’empara d’aucun territoire russe ni ne demanda de réparations de guerre.
Début 1812, la plus grande partie des territoires compris entre l’Espagne et la Russie était sous son contrôle. Cependant, l’Angleterre maîtrisait les mers, et Napoléon voulait l’Inde, colonie anglaise à l’époque. Le seul espoir de s’en emparer était de la prendre par la terre, et donc de contrôler la Russie.
Depuis le traité de Tilsit, la France et la Russie étaient des alliés à couteaux tirés. La Russie avait violé le traité en faisant des affaires avec l’Angleterre, et Napoléon, lassé de cet état de choses, l’utilisa comme prétexte pour l’envahir.
En juin 1812, l’armée napoléonienne se rassembla dans l’est de l’Allemagne. Napoléon passa ses troupes en revue en grandes pompes sur la rive ouest du Niémen le 22 juin 1812. Ses ingénieurs jetèrent un pont flottant sur le fleuve et le lendemain, l’armée pénétra dans la Pologne contrôlée par la Russie.

C'est en Pologne que cela commença à se gâter

Tout se passait bien –l’été, bien que chaud et sec, permit aux soldats de marcher facilement sur les routes. Les colonnes de ravitaillement restaient un peu en avant, assurant ainsi la nourriture nécessaire, et les soldats étaient en bonne santé. Bien que des hôpitaux militaires aient été mis en place sur le chemin de la Pologne à Magdeburg, Erfurt, Poznań et Berlin, ils n’étaient que très peu nécessaires. L’armée rejoignit Vilnius en quatre jours, sans rencontrer de résistance de la part des troupes russes.
C’est en Pologne que les choses ont commencé à se gâter pour Napoléon. Il se retrouva dans une région d’une saleté incroyable. Les paysans étaient crasseux, les cheveux emmêlés, couverts de poux et de puces, et les puits étaient souillés.
Comme l’armée était à présent en territoire ennemi, les voitures de ravitaillement avaient dû se déplacer vers l’arrière. Les routes étaient couvertes d’une poussière molle ou creusées de profondes ornières après les pluies du printemps; les chariots de vivres prenaient de plus en plus de retard par rapport au principal corps de troupes, à qui il devint difficile de fournir eau et nourriture. L’armée était si gigantesque qu’il était presque impossible de garder une formation militaire intacte, et la majorité des soldats s’éparpillèrent, formant des groupes immenses et débandés.

Une forte fièvre, des plaques rouges...

Nombre de soldats pillèrent les maisons, le bétail et les champs des paysans. Presque 20.000 chevaux de l’armée moururent faute d’eau et de fourrage sur le chemin de Vilnius. Les maisons des paysans étaient si répugnantes et grouillantes de cafards qu’elles en semblaient vivantes. Les maladies typiques des champs de bataille, comme la dysenterie et autres pathologies intestinales, firent leur apparition, et bien que de nouveaux hôpitaux fussent établis à Danzig, Königsberg et Toruń, ils s’avérèrent incapables d’absorber les innombrables soldats malades renvoyés vers l’arrière.
Mais les problèmes de Napoléon ne faisaient que commencer.
Plusieurs jours après la traversée du Niémen, plusieurs soldats furent atteints de forte fièvre et virent des plaques rouges apparaître sur leur corps. Certains d’entre eux, dont le visage avait pris une teinte bleue, ne tardèrent pas à mourir. Le typhus venait de faire son apparition.
Le typhus sévissait en Pologne et en Russie depuis de nombreuses années, mais il avait gagné du terrain depuis que l’armée russe avait dévasté la Pologne en battant en retraite devant les forces napoléoniennes. Le manque d’hygiène associé à un été inhabituellement chaud avait créé les conditions idéales pour la propagation des poux.
Le typhus est provoqué par l’organisme Rickettsia prowazekii. Il faudrait attendre un siècle après la campagne de 1812 pour que les scientifiques ne découvrent que le typhus est présent dans les déjections de poux.

Saleté et sueur, l'environnement idéal

Le soldat français moyen était sale et en sueur, et ne changeait pas de linge pendant des jours; l’environnement idéal pour que des poux se nourrissent sur son corps et s’abritent dans les coutures de ses vêtements.
Une fois les habits et la peau du soldat contaminés par les excréments de poux, la plus petite égratignure ou écorchure suffisait pour que le microbe du typhus pénètre dans le corps du soldat.
Circonstance aggravante, pour des raisons de sécurité les soldats dormaient en grands nombres dans des endroits confinés, de peur que les Russes n’attaquent ou que les Polonais ne se vengent. Cette proximité permettait aux poux de contaminer rapidement les soldats encore sains.
Un mois à peine après le début de la campagne, Napoléon avait perdu 80.000 soldats, morts ou invalides, frappés par le typhus. Sous l’autorité du baron Dominique-Jean Larrey, chirurgien militaire, les mesures médicales et sanitaires de l’armée étaient les meilleures du monde mais personne n’aurait pu venir à bout d’une épidémie de cette ampleur. Voici le récit d’un témoin oculaire direct d’une invasion de poux:
«Bourgogne s’endormit sur un matelas de roseaux et ne tarda pas à être réveillé par l’activité des poux. Se découvrant littéralement couvert de bêtes, il enleva sa chemise et son pantalon et les jeta dans le feu. Ils explosèrent comme les tirs de deux rangées de fantassins. Il ne put s’en débarrasser pendant deux mois. Tous ses compagnons grouillaient de poux; beaucoup furent piqués et contractèrent la fièvre tachetée (typhus).»
Le 28 juillet, trois des officiers de Napoléon lui soumirent leur inquiétude à l’idée que la bataille contre les Russes était en train de devenir périlleuse. Les pertes causées par les maladies et les désertions avaient réduit sa force de frappe effective de moitié environ. Pour ajouter à cette difficulté, trouver des provisions en territoire hostile devenait un réel défi. Napoléon écouta leurs arguments et accepta de mettre un terme à la campagne, mais deux jours plus tard, il revint sur sa décision et affirma à ses généraux:
«C’est le danger même qui nous pousse vers Moscou. Les dés sont jetés. La victoire nous justifiera et nous sauvera
Napoléon et ses soldats malades et épuisés continuèrent donc d’avancer. Smolensk tomba le 17 août, rapidement suivi par Valoutina. Les Russes battaient en retraite à mesure que les Français avançaient, attirant Napoléon toujours plus profondément dans le pays. L’empereur avait divisé son armée en trois parties. Le 25 août, Napoléon avait perdu 105.000 hommes de son armée de 265.000, ce qui ne lui laissait plus que 160.000 soldats. En deux semaines, le typhus la réduisit à 103.000 têtes.

Obligé de battre en retraite

Le général russe Mikhaïl Koutouzov adopta une position défensive à Borodino, à environ 110 km à l’ouest de Moscou. Le 7 septembre, les forces françaises affrontèrent les Russes. Les deux camps subirent de lourdes pertes. Napoléon entra ensuite dans Moscou, mais ce fut une victoire à la Pyrrhus; il ne restait qu’environ 90.000 soldats français. L’empereur s’attendait à une reddition des Russes; mais ces derniers se contentèrent de lui abandonner la ville. Les trois-quarts de Moscou avaient brûlé quand la Grande Armée y pénétra, et il n’y avait plus de nourriture ni aucune sorte de provisions.
15.000 hommes en renfort rejoignirent l’empereur à Moscou, dont 10.000 furent décimés par la maladie. Devant l’imminence de l’hiver russe, Napoléon n’eut pas d’autre choix que de battre en retraite et de retourner en France. L’empereur et ce qu’il restait de son armée se réfugièrent à Smolensk, espérant y trouver abri et nourriture. En y arrivant le 8 novembre dans un froid glacial, Napoléon trouva les hôpitaux déjà débordant de malades et de blessés. La discipline se détériorait, et il reçut le coup de grâce en découvrant que les provisions sur lesquelles il comptait avaient été consommées par les troupes de réserve et de communication.
L’armée quitta Smolensk le 13 novembre et arriva à Vilnius le 8 décembre. Il ne restait plus que 20.000 soldats en état de se battre. Ayant eu vent de l’imminence d’un coup d’Etat fomenté en France par le général Claude-François Malet, Napoléon passa le commandement au général Joachim Murat et se hâta de rentrer à Paris.

La fin du grand rêve

Murat refusa de défendre Vilnius –il abandonna ses canons et le butin obtenu à Moscou aux Russes qui progressaient et battit en retraite vers le Niémen, qu’il traversa le 14 décembre avec moins de 40.000 hommes, la plupart invalides. C’est ainsi que s’acheva le grand rêve de Napoléon d’atteindre l’Inde en passant par la Russie.
Beaucoup des soldats morts furent ensevelis dans les tranchées défensives creusées pendant la retraite. C’est dans l’une de ces tranchées que, presque deux siècles plus tard, des ouvriers ont trouvé les vestiges de la Grande Armée de Napoléon.
Didier Raoult, de l’université de la Méditerranée de Marseille, a analysé la pulpe dentaire de 72 dents prélevées sur les corps de 35 des soldats découverts à Vilnius. La pulpe de sept soldats contenait de l’ADN de Bartonella quintana, organisme responsable de la fièvre des tranchées, autre maladie transmise par les poux, très répandue pendant la Première Guerre mondiale.
L’ADN de trois soldats contenait des séquences de R. prowazekiiresponsable des épidémies de typhus. En tout, 29% des dépouilles portaient des preuves d’infection par R. prowazekii ou B. quintana, ce qui témoigne du rôle majeur des poux dans la défaite de Napoléon.
La plupart des Américains connaissent bien le final de L’Ouverture 1812 de Tchaïkovski, commandée par la Russie pour célébrer la défaite de Napoléon.
Le morceau s’achève par le grondement du canon et le carillon des cloches; cependant, si Tchaïkovski avait voulu retranscrire précisément le son de la défaite de Napoléon, on entendrait seulement le son doux et discret du pou qui dévore la chair humaine. Un organisme trop petit pour l’œil de l’homme, qui a changé le cours de l’histoire humaine.
Joe Knight
Spécialiste de l'histoire médicale
Traduit par Bérengère Viennot
Pour en savoir plus en anglais: The Illustrious Dead: The Terrifying Story of How Typhus Killed Napoleon's Greatest Army de Stephen Talty.

Mozart aurait été empoisonné par une liqueur!

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    Par Ariane Bavelier Mis à jour | publié Réactions (28)
    Portrait anonyme de Mozart à 21 ans (1777).
    Portrait anonyme de Mozart à 21 ans (1777). Crédits photo : ©Luisa Ricciarini/Leemage

    La musicologue Michèle Lhopiteau et le Dr François Cerutti pensent que la mort du compositeur à 35 ans est due à un remontant du professeur de médecine Gerhard van Swieten.

    C'est une énigme à succès, attisée par la force particulière du Requiemde Mozart . Le compositeur s'est vu mourir en l'écrivant. Sa messe des morts recèle plus qu'aucune autre la douleur tout en rayonnant d'une lumière étrangement apaisée qui fait songer à l'espérance. Quel mal, quel crime a privé l'humanité d'un tel génie? Quel mal, quel crime a ouvert l'oreille de Mozart sur l'absolu mystère ?
    «De quoi meurt-on à 35 ans?», s'est demandée la musicologue Michèle Lhopiteau. S'appuyant sur la correspondance de Mozart, les souvenirs laissés par ses amis et par Constance et la déclaration de «mort par fièvre miliaire» du Dr Closset, elle a travaillé avec l'aide du médecin légiste François Cerutti à découvrir ce que cachaient les symptômes rapportés dans ces divers témoignages. Quitte à ajouter un chapitre de plus à une série de conjectures qui prospèrent depuis le fatal 5 décembre 1791.
    «En 2010, Lucien Karhausen, chercheur et psychiatre germanique, a pu identifier 140 diagnostics différents sur la mort de Mozart», précise François Cerutti. Grippe, streptocoque, hémorragie cérébrale, obésité, empoisonnement par Salieri jaloux ou les francs-maçons furieux de voir leurs rites révélés dansLa Flûte enchantée, syndrome maniaco-dépressif… Impossible de contenir les hypothèses, faute de vérification anatomique: si le corps de Mozart n'a pas été jeté à la fosse commune puis recouvert de chaux, comme on le voit dans le film de Milos Forman, Amadeus, on n'a jamais précisément pu le retrouver. «Il n'empêche: depuis 1994, la thèse officielle est celle du médecin viennois Anton Neumayr, qui conclut à une fièvre rhumatismale aiguë. Primo, ce genre de maladie n'est pas mortel. Secondo, dans une lettre du 8 octobre 1791, deux mois avant sa mort, Mozart écrit à Constance qu'il a tenu la partie de glockenspiel dans La Flûte. Comment jouer cette redoutable partie de clavier quand on souffre de rhumatisme articulaire ?», disent Michèle Lhopiteau et François Cerruti.
    Et de revenir sur le dernier trimestre de la vie de Mozart. En 1791, le compositeur a une année chargée. En juillet, un inconnu lui passe commande du Requiem, alors qu'il est en train de travailler à La Flûte enchantée, créée le 30 septembre. Début août, il reçoit la commande de La Clémence de Titus, qu'il doit composer en trois semaines pour le couronnement de Léopold II. Pour soutenir pareil rythme de travail, le compositeur doit prendre «beaucoup de médecines », dont les flacons jonchent sa chambre. Constance, qui vient d'accoucher d'un fils et se repose à Baden, rentre à Vienne le 16 octobre. Mozart se plaint. «Épisodes de grande fatigue, vertiges, grande douleur dans les reins, langueur générale qui l'envahit petit à petit et lui donne l'impression d'avoir été empoisonné, œdèmes généralisés, vomissements fréquents. Tout ceci réunit bien les symptômes d'une intoxication sévère, rapidement péjoratifs et mortifères», résume le Dr Cerutti, qui soutiendra cette thèse le 14 janvier devant la Société française de médecine légale, à l'Odéon. Parmi la liste des remontants en vogue à l'époque, le couple de chercheurs trouve la «liqueur de Van Swieten », potion aux propriétés antiseptiques, antiparasitaires, antisyphilitiques et purgatives.
    Généreusement distribuée dans toute l'Europe, elle a été fabriquée par le baron Gerhard van Swieten, professeur de médecine, médecin de l'impératrice Marie-Thérèse et père de Gottfried van Swieten, ami proche de Mozart. En 1863, François Raspail le dénonçait comme un poison, tandis qu'en 1880 Augustin Gilbert la retirait de la pharmacopée française. «Combien de morts avaient fait cette potion par intoxication mercurielle causant une néphropathie aiguë auxquels correspondent exactement les symptômes que ressentit Mozart ?», s'interrogent les deux chercheurs, encore tremblants de leur découverte.
    De fait, elle ébranle quelques-unes des légendes que l'Autriche révère: par-delà l'autorité du Dr Neumayr, elle jette le discrédit sur van Swieten, dont la statue trône à Vienne près de la Hofburg et dont le profil a été reproduit, en 2007, sur des billets de 50 €. Elle se mêle aussi de jeter une lumière un peu trop éclatante sur le mystère de la mort de Mozart au risque de s'attirer les foudres du Mozarteum de Salzbourg, qui n'aime pas qu'un quidam ose toucher à ses dieux.
    «Mozart. Rêver avec les sons» par Michèle Lhopiteau-Dorfeuille, Éditions Le Bord de l'Eau.
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    Avatar rondo2500 Sa mort prématuré et son requiem inachevé sont une perte immense pour l'humanité.
    Le 29/12/2012 à 21:30 Alerter Répondre
    Avatar Mozartine Son "Requiem" n'est pas inachevé : Mozart n'est pas mort à la huitième mesure du "Lacrymosa", il a dû cesser d'écrire car ses mains gonflées ne lui permettaient plus de tenir une plume d'oie. Il a donc dicté la fin de son oeuvre à son élève Süssmayer. Ce dernier, qui avait 23 ans, a menti en réclamant, en 1800 - date, comme par hasard, où les droits d'auteur ont été institués en Autriche - la paternité des morceaux écrits de sa plume. Cet élève n'est qu'un imposteur parmi tant d'autre dont la production personnelle est d'une telle médiocrité qu'il n'a pas pu finir seul le "Requiem".
    Mais on peut, comme vous le faites, regretter tout ce que Mozart aurait pu écrire ensuite s'il ne nous avait pas quitté aussi tôt, au sommet de son art.
    Le 30/12/2012 à 09:32 Alerter Répondre
    Avatar patriotique mozart empoisonné par un toubib du genre de celui de michlael jackson
    Le 29/12/2012 à 20:15 Alerter Répondre
    Avatar LECONTE DE PARIS Histoire de liqueur, mais avant tout histoire de coeur: cf. sa liaison avec Marie Brisach. Quoiqu'il en soit, Wolfgang Amadeus disparut avant de pouvoir achever son ultime chef-d'oeuvre "la flûte en chantier"
    ...
    (Variations sur la mort du Maître,
    K 141)
    Le 29/12/2012 à 20:14 Alerter Répondre
    Avatar Mozart2 Beethoven est mort également par empoisonnement avec du plomb
    mélangé au vin de l'époque, une mèche de ses cheveux analysée au USA, avec une dose importante de plomb a confirmée les causes de sa mort.
    Pour Mozart, sa masse de travail de l'année 1791, ses problèmes de santé récurrents depuis sa jeunesse et des médecines douteuses de l'époque ont eu raison de lui. Seulement 35 ans de vie et une oeuvre immense que j'apprécie tous les jours mon pseudonyme le prouve.
    Le 29/12/2012 à 19:57 Alerter Répondre
    Avatar Denis FABRE Imaginez qu'il ai vécu jusqu'à 80 ans !
    Meme en CD on n'aurait pas eu assez de place pour tout ranger.
    Le 29/12/2012 à 18:52 Alerter Répondre
    Avatar bubard La liqueur de Switen était une solution de bichlorure de mercure au taux de 1/1000.
    Or le mercure est un métal très toxique. les symptômes neurologiques apparaissent à partir de 200 à 500 µg/l. Or cette dose est dépassée par la liqueur de Switen...
    Le 29/12/2012 à 16:50 Alerter Répondre
    Avatar gelase Molière l'avait bien dit:" Vous mourrez de la médecine!".
    Le 29/12/2012 à 15:49 Alerter Répondre
    Avatar Denis FABRE Molière s'est trompé, on meurt d'être né.
    Le 29/12/2012 à 18:48 Alerter Répondre
    Avatar Mozartine Vous avez raison, Gerhart van Swieten était un esprit éclairé, qui a combattu avec énergie le mythe des vampires - dans lequel les populations de Bosnie et de Serbie, rattachées depuis peu à l'empire autrichien, croyaient dur comme fer. Son "Traité de médecine" en cinq Tomes, écrit en latin et ensuite traduit dans toutes les langues, a été le livre le plus vendu en Europe, et sa liqueur s'est retrouvée jusqu' en Amérique (via les soldats de La Fayette) et en Asie. Il a donc fait fortune.
    Et il ne pouvait pas connaitre la dangerosité du mercure. Ce qui n'enlève rien au fait que sa liqueur a dû faire bien des dégâts, pendant 120 ans, avant d'être interdite en France.
    Le 29/12/2012 à 15:17 Alerter Répondre
    Avatar marie jose teychonneau Mozart ? mais il comble mes jours et apaise mes nuits , il n'est pas mort, seul son corps est parti laissant planer l'âme, somptueuse, sur nos vies.
    Le 29/12/2012 à 14:53 Alerter Répondre
    Avatar ronchon66 oh le joli commentaire,merci
    Le 30/12/2012 à 08:15 Alerter Répondre
    Avatar Champilou Trrès jouli. Merci.
    Le 29/12/2012 à 18:08 Alerter Répondre
    Avatar Mozartine Comem vous avez raison ! Mozart est immortel, en effet !
    Le 29/12/2012 à 16:02 Alerter Répondre
    Avatar l'oeil13 Overdose médicamenteuse,un classique..
    Le 29/12/2012 à 14:41 Alerter Répondre
    Avatar Mozartine Vous avez raison, Gerhart van Swieten était un esprit éclairé, qui a combattu avec énergie le mythe des vampires - dans lequel les populations de Bosnie et de Serbie, rattachées depuis peu à l'empire autrichien, croyaient dur comme fer. Son "Traité de médecine" en cinq Tomes, écrit en latin et ensuite traduit dans toutes les langues, a été le livre le plus vendu en Europe, et sa liqueur s'est retrouvée jusqu' en Amérique (via les soldats de La Fayette) et en Asie. Il a donc fait fortune. Une fortune que son fils Gottfried, fidèle soutien de Mozart, a d'ailleurs dépensée en étant des années - et à ses frais - ambassadeur d'Autriche en Prusse.
    Mais Gerhart van Swieten ne pouvait pas deviner que le mercure pouvait être dangereux et ignorait tout, comme ses confrères, de la fonction rénale.
    Tout ce que les médecins autrichiens ont pu faire à ce pauvre Mozart en fin de vie fut de lui faire subir deux saignées d'un demi-litre chacune (attestées par un document publié dans le Tome VII de la Correspondance de la famille Mozart, première édition).
    Nous avons beaucoup de chance de vivre au XXIème siècle (sauf pour ceux qui ont pris certain coupe-faim)

mercredi 26 décembre 2012

biblical demonology and the geolocalisation of the three main devils of the bible

In the Bible, many false names are circulating, intentionally inserted in the book to lose that light in the minds of believers pray or dedicate a devotion to a holy spirit, are certainly unwittingly spirit to worship the devil! Of evil in this book have their names, and people spend time worship, blow away the light!
1 - but that's ledger?
The first name of the demonic bible is the one attributed to the man who had crossed the Red Sea on foot by the Israelites from Egypt: Moise, a true name of a demon. In fact, moise is always visible on the 4th level with his clothes Red streaked with black, short as two apples and living in the darkness of the earthly plane. Any person elected is so little she can see and confirm: with the horrible demon, not possible to cross the Red Sea!
2-eleazar son aaron?
aaron had a son, but the name eleazar is taking us for complete idiot. Y has to do a double turn to the graves of the saints beyond the grave: it is a demon, the alleged person, unless the alleged name!
3 - Yahweh: the great evil!
Of the entire Bible, smarter name of the demon that is yahwe is that, regardless of the form of writing.'s Real name of the devil, Lucifer, the ancient serpent, the evil had surreptitiously inserted into the bible and whose perdition unspeakable havoc in the world! This is catastrophically unspeakable: a church, thousands of people assembled in the faith of Christ, and prays Yahweh, the father of lies, the true demon prince of this world and this, multiplied by millions of churches, gives the magnitude of dégât.Les people get up in the morning to pray the creator and pronounce: "yahwe save me" or yahwe is a demon who intends ... to mislead everyone! With him, Christians fed leaven of the Pharisees, have lost all possibility of resurrection, in any case, those who pray the devil!
4-jehovah, another name for demon
jehovah is another form of yahwe, true worship démoniaque.Déjà created two centuries ago, it is unnecessary to consider that this is religion if not a demon. then why create a church when there was already? Well, to mislead! Disunity comes from the devil, it was he who created a lot of church to divide and sow his venom among people all ignorant
OTHER BAD NAMES OF THE BIBLE:
4 - salomon is still credible?
From light to darkness, the child prodigy has not resisted the law of succès.Du Suddenly, the wise man became a non fréquentable gloomy spirit that should be avoided as much as Beelzebub! There has to be seen in his grave.
5 - what to do with simon, name banished by Christ?
Simple, every Christian should have avoided like the plague!
5-peephole and then?
is the name most hated Christians, and for good reason ...
6-saul to reject
Criminal pagan anti-Christian Saul is to flee
7-philippe thomas and could not believe their eyes
wants to see the first and second look without seeing. It's good to look better!
8-abel is it a good idea?
the first to be killed by his brother, unless you are a moron, a parent would not want his son to die. Someone named Cain, hihihi!
others are full to avoid
9-eva, betrayal ensured
then it's known to all
10-the brotherhood archétypie
give names to children should respect archétypie fraternity, otherwise impossible to name one and the other jesus Caiaphas, the result is known to all! if you name your first baby jesus, it would be better to combine it with jeans or as little brother Jacques.
THE THREE MAIN GEOLOCATION DEMONS OF THE BIBLE
The three main demons described in the Apocalypse by jean indeed live on earth today, on three different continents: America, Europe, Africa.
In America, "the ten-horned beast" lives in the USA, in a river, forcing the largest or at least protected by a stream of human curiosity.
In Africa, "the two-horned beast" lives in Cameroon, in the soil of the city of B, in a nearly unspeakable and yet ...
The 3rd demon lurks in heaven until the Michel hunting and it breaks ... Germany, and for good reason ...
OTHER PLACES demonic
the pyramids of Egypt, Mecca,
DIMITRI MBOUWE
Creator On The Net

lundi 24 décembre 2012

Un homme nommé Jésus

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Par Jean-Christian Petitfils Publié
«<i>La Petite Cène</i>» par Philippe de Champaigne. Ce dîner nocturne (du latin «cena») est le dernier repas pris par Jésus avec ses douze disciples avant la Pâque.
«La Petite Cène» par Philippe de Champaigne. Ce dîner nocturne (du latin «cena») est le dernier repas pris par Jésus avec ses douze disciples avant la Pâque. Crédits photo : akg-images / Erich Lessing/akg-images / Erich Lessing

Ce que nous savons de lui, nous le tenons des Evangiles, de brèves notations chez des historiens romains et de découvertes archéologiques. La connaissance de l'époque et le recours à l'exégèse historico-critique éclairent l'ensemble. Enquête sur le Jésus de l'Histoire.

La fascination du public - croyant ou incroyant - pour le personnage de Jésus est profonde. Sans doute témoigne-t-elle d'une quête de sens et de spiritualité dans une société largement sécularisée, où s'effondrent les connaissances de base que dispensait naguère la catéchèse traditionnelle. Cependant, le trouble s'installe dans les esprits. Mis à part des travaux spécialisés de haute qualité mais d'abord difficile, la plupart des ouvrages publiés chaque année sur le sujet sont empreints pour le moins d'ambiguïté. Ce sont soit des livres de fantaisie, avides de scandale ou de sensationnel, soit des écrits à prétention scientifique qui déforment le vrai visage du fondateur du christianisme sous prétexte de le démythifier.
Comment l'historien attaché à serrer au plus près la vérité du Jésus de l'Histoire peut-il œuvrer? Il lui faut, bien entendu, faire appel à toutes les données à sa disposition: le contexte politique, économique, social, culturel du Proche-Orient du Ier siècle, les acquis indiscutables de l'exégèse historico-critique et bien sûr sans omettre les renseignements innombrables tirés des récentes fouilles archéologiques en Israël. Mais, en même temps, il doit s'arrêter devant l'inexplicable, sans l'enjamber ni le négliger.
L'authenticité des exorcismes, des miracles et a fortiori de la Résurrection n'entre pas dans son domaine de compétence. Il doit se contenter des faits, tout en restant ouvert à leur interprétation. Il ne peut assurer, par exemple, que Jésus a marché sur l'eau ou a transformé l'eau en vin, mais il remarquera que, dans les communautés chrétiennes qui ont porté les Evangiles, ces faits, considérés comme authentiques, ont pris une signification capitale. Il lui est impossible de soutenir, au nom d'un positivisme hors d'âge, que la multiplication des pains n'a été qu'un banal partage fraternel de casse-croûtes tirés du sac: les Evangiles canoniques en parlent à six reprises, ce qui montre à quel point les esprits avaient été frappés par ce signe messianique.

Des textes anciens qui prouvent que Jésus a bien existé

Parlons des sources. Quelques notations peuvent être glanées chez Pline le Jeune, Tacite, Suétone et surtout Flavius Josèphe, ce Juif romanisé du Ier siècle qui évoque dans ses écrits la figure de Jean le Baptiste et celle de Jésus, «un homme exceptionnel» accomplissant des «choses prodigieuses». «La veille de la Pâque, dit le Talmud de Babylone, on pendit Yeshu le Nazaréen.» Mais tous ces textes anciens ne sont utiles que dans la mesure où ils prouvent que Jésus a bien existé. Même un polémiste ardent, très antichrétien, comme Celse au IIe siècle ne met pas en doute ce fait.

« La Vierge à l'Enfant » de Botticelli. Le peu d'éléments que les Évangiles fournissent sur la naissance de Jésus n'entrent pas en contradiction avec ce que les historiens savent de l'époque.
«La Vierge à l'Enfant» de Botticelli. Le peu d'éléments que les Évangiles fournissent sur la naissance de Jésus n'entrent pas en contradiction avec ce que les historiens savent de l'époque. Crédits photo : Mauro Magliani/©Electa/Leemage
Ce n'est qu'à partir du XIXe siècle que certains maîtres du soupçon traiteront très artificiellement Jésus comme un mythe ou un personnage imaginaire conçu à partir de citations du Premier Testament. Faut-il se tourner vers les Evangiles apocryphes? Ils ne nous apprennent pour ainsi dire rien du Jésus de l'Histoire. Ce sont des écrits tardifs, emplis de légendes, certains imprégnés de doctrines gnostiques étrangères au christianisme. Il reste donc les quatre Evangiles canoniques, Matthieu, Marc, Luc et Jean.
Selon l'Eglise, ces catéchèses biographiques sont des textes inspirés. Tout en respectant pleinement leur portée spirituelle, l'historien est en droit de les traiter comme des documents historiques, de s'interroger sur leur genèse et leur fiabilité, puis de déterminer les hypothèses les plus plausibles et les plus cohérentes. À moins de sacrifier à une mode hypercritique de «déconstruction» qu'on ne trouve dans aucune autre science, on peut considérer que, compte tenu de leur datation - des écrits antérieurs à la destruction de Jérusalem en l'an 70, époque où beaucoup de témoins étaient encore vivants -, compte tenu aussi des techniques éprouvées de mémorisation pratiquées dans l'Orient ancien et d'une tradition orale rigoureusement contrôlée par les disciples et les apôtres, les Evangiles canoniques nous livrent des faits et des discours globalement fiables.

L'Evangile de Jean, le plus mystique et le plus historique

Mais leurs rapports à l'Histoire ne sont pas identiques. Les auteurs des Evangiles dits synoptiques (parce qu'on peut les lire en parallèle), Matthieu, Marc et Luc, ne sont pas des témoins directs - même si le premier Evangile comporte probablement un noyau primitif écrit en araméen par Lévi dit Matthieu, l'un des Douze. En revanche, le quatrième Evangile est celui d'un disciple de la première heure, un témoin oculaire, Jean.
Comme le père Jean Colson l'a montré, ce Jean n'était pas le fils de Zébédée, le pêcheur du lac de Tibériade, mort martyr très tôt, mais un disciple de Jérusalem, portant le même nom (très répandu), qui faisait partie du haut sacerdoce juif. Il s'est «endormi» à Ephèse en l'an 101. Cet éblouissant théologien, très versé dans la connaissance du judaïsme, «fut prêtre, disait au IIe siècle Polycrate, évêque de cette ville, et a porté le petalon», c'est-à-dire la lame d'or, insigne réservé aux grands prêtres et aux membres des grandes familles aristocratiques.

 «L'entrée du Christ à Jérusalem », par Giotto. Cet épisode précède l'arrestation de Jésus, dont la condamnation est datée de l'an 30, sous le règne de Tibère.
«L'entrée du Christ à Jérusalem», par Giotto. Cet épisode précède l'arrestation de Jésus, dont la condamnation est datée de l'an 30, sous le règne de Tibère. Crédits photo : Alfredo Dagli Orti/Collection Dagli Orti
De fait, il connaît mieux Jérusalem et la topographie de la Judée que la Galilée et les bords du lac. Familier de l'administration du Temple, il est le seul à nous donner le nom du serviteur à qui Pierre a entaillé l'oreille de son glaive, Malchus. C'est lui qui, après l'arrestation de Jésus, permet à Pierre d'entrer dans la cour du grand prêtre en glissant un mot à la servante qui garde la porte. C'est quelqu'un du sérail. Il n'a pas suivi constamment Jésus en Galilée, mais il a été épaulé par certains de ses proches. «C'est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est conforme à la vérité», lit-on à la fin de son Evangile.
Si l'on se rapporte à un texte du milieu du IIe siècle, qu'on appelle le Canon de Muratori, ce «nous» renvoie à un certain nombre de disciples et d'apôtres (dont André, frère de Simon-Pierre) qui ont encouragé le «disciple bien-aimé» à écrire son Evangile en lui faisant part de leurs propres informations. Cet évangile est à la fois le plus mystique et le plus historique, ces deux approches étant complémentaires. Tout ce que dit Jean est vrai, mais immédiatement replacé dans sa dimension spirituelle. La chronologie de ce témoin exceptionnel est à préférer à celle des synoptiques qui ont ramassé en une année, de façon très schématique, le ministère public de Jésus, qui se déroule en fait sur trois ans, du printemps 30 au 3 avril 33, date de sa mort.
Parmi les sources du dossier historique, pourquoi se priver de recourir aux reliques de la Passion, celles du moins que l'on peut raisonnablement considérer comme authentiques? A propos du linceul de Turin, de nouvelles découvertes ont été faites depuis la très contestée datation au carbone 14 révélant que le linceul était un faux du XIVe siècle: trace d'une couture très particulière (la seule comparable a été trouvée à Massada, la forteresse juive tombée en 73), présence d'écritures grecques et latines le long du visage, etc.

Le groupe sanguin sur les trois reliques de la Passion est le même

Des scientifiques américains, espagnols et français ont établi que les taches de sang figurant sur les trois grandes reliques de la Passion pouvaient se superposer: le linceul de Turin, le suaire d'Oviedo, linge qui aurait été mis sur le visage de Jésus aussitôt après sa mort, et la tunique d'Argenteuil, que Jésus aurait portée sur le chemin de croix. Le groupe sanguin est le même, AB, un groupe rare. On a également retrouvé sur ces linges des pollens de plantes ne poussant qu'au Proche-Orient. Ces découvertes sont restées ignorées de la plupart des médias.
Bref, on peut considérer que ces trois reliques, qui ont connu des pérégrinations très diverses au cours des âges, s'authentifient elles-mêmes, constituant une source très précieuse pour éclairer le déroulement de la Passion: le chemin de croix, le crucifiement, la descente de croix et la mise au tombeau. Partant de ces données, que peut-on dire de la vie de Jésus? Une certitude: il n'est pas né le 25 décembre de l'an 1, mais probablement en l'an - 7, à une date inconnue. Selon Matthieu et Luc, il voit le jour au temps du roi Hérode le Grand. Or, celui-ci meurt en - 4.Si l'on se réfère à l'épisode de l'étoile de Bethléem raconté par Matthieu, le calcul astronomique moderne a permis de constater qu'en l'an - 7, une conjonction très rare des planètes Jupiter et Saturne était intervenue à trois reprises dans la constellation des Poissons.

« Le baiser de Judas », par Giotto. En désignant Jésus aux gardes venus le chercher au jardin de Gethsémani, ce disciple a vendu son maître.
«Le baiser de Judas», par Giotto. En désignant Jésus aux gardes venus le chercher au jardin de Gethsémani, ce disciple a vendu son maître. Crédits photo : Alfredo Dagli Orti/Collection Dagli Orti
Des tablettes en écriture cunéiforme, découvertes à Sippar en Mésopotamie, l'avaient déjà notée. C'était le signe pour les Juifs de la venue du Messie. Le rabbin portugais Isaac Abravanel le disait encore au XVIe siècle. Ce phénomène expliquerait pourquoi l'évangéliste Matthieu nous parle d'une étoile qui apparaît et disparaît. Le rapprochement entre ces données scientifiques et l'étoile des mages est troublant. Benoît XVI, dans son dernier livre, L'Enfance de Jésus, l'admet d'ailleurs comme hypothèse.
L'historien, naturellement, ne peut se prononcer sur la naissance virginale de Jésus. On a longtemps pensé que le vœu de virginité de Marie était incompatible avec la mentalité juive, jusqu'au jour où l'on a trouvé dans les manuscrits de la mer Morte le rouleau dit du Temple, un texte parlant de vierges consacrées dans le cadre du mariage: «Si une femme mariée prononce un tel vœu sans que son mari le sache, il peut déclarer ce vœu nul. Si toutefois il est d'accord avec une telle mesure, les deux sont dans l'obligation de le garder.» Cela permet de comprendre la surprise de Marie, vierge consacrée, à l'annonce de l'ange Gabriel, et celle de Joseph qui avait songé à la répudier en secret.
Jésus était très probablement un Nazaréen, membre d'un petit clan de juifs pieux venus de Mésopotamie, qui prétendaient descendre du roi David. Ce clan attendait la naissance du Messie en son sein et avait fondé en Galilée le village de Nazara ou Nazareth (de netzer, le «surgeon», autrement dit le rejeton de Jessé, père de David). Marie faisait vraisemblablement partie de ce groupe qui, selon Julius Africanus, gardait soigneusement ses généalogies. Jésus était sans doute considéré comme cet héritier royal.
Historiquement, le massacre des Innocents relaté par Matthieu n'a rien d'impossible. La suppression d'une dizaine ou d'une quinzaine de nourrissons de Bethléem n'aurait été qu'un infime épisode dans la multitude des crimes d'Hérode le Grand, tyran sanguinaire et paranoïaque. En tout cas, Jésus a grandi au milieu de ses «frères» et «soeurs». À Nazareth, tous se disaient frères et soeurs. L'un d'eux, Jacques, fils de Marie femme de Clopas (qu'Hégésippe présente comme le frère de Joseph, l'époux de Marie), sera le premier évêque de Jérusalem et mourra en 62 de notre ère. Un autre, Syméon, son frère (ou cousin) et successeur, ne disparaîtra que sous le règne de Trajan (98-117). Il sera un témoin d'importance pour les premiers chrétiens.Quand il se fait baptiser par Jean en l'an 30 de notre ère, Jésus est un Juif pieux pleinement immergé dans la foi d'Israël, enraciné dans le monde culturel de son temps.

Il est un «vrai homme» mais pas un Juif ordinaire

N'en faisons pas un être céleste mystérieusement tombé sur notre planète, ayant revêtu une humanité abstraite, hors de son milieu, sachant tout, dominant le temps et l'espace. Il est «vrai homme». Pour autant, ce n'est pas un Juif ordinaire. Sa manière unique d'envisager la Loi annonce le dépassement de celle-ci. Viendra bientôt le temps de l'adoration de Dieu «en esprit et en vérité», comme il le dit à la Samaritaine. Son message d'amour et de miséricorde, exprimé dans Les Béatitudes, est d'une haute exigence: il demande d'intérioriser la loi mosaïque, loin des rites formalistes. Jésus vise l'intention du coeur et la droiture des consciences. D'où, par exemple, le durcissement de la morale sur l'interdiction des serments ou celle faite à l'homme de répudier sa femme (le contraire n'existait pas dans le monde juif).

 «Jésus parmi les docteurs », par Ingres. Un épisode rapporté par Saint Luc: Jésus a 12 ans quand ses parents le retrouvent prêchant dans le temple de Jérusalem.
«Jésus parmi les docteurs», par Ingres. Un épisode rapporté par Saint Luc: Jésus a 12 ans quand ses parents le retrouvent prêchant dans le temple de Jérusalem. Crédits photo : Bridgeman Art Library
Il fait éclater les multiples barrières instituées par les groupes religieux de son temps - pharisiens surtout - pour séparer le pur de l'impur. Il serait également erroné d'en faire un sage ou un philosophe venu simplement enseigner l'amour fraternel - les maîtres pharisiens, Hillel en particulier, l'avaient déjà prôné avant lui (même s'ils ne poussaient pas le principe jusqu'à l'amour des ennemis).Jésus place sa propre personne au coeur de son message. Quand il annonce le Royaume de Dieu, c'est en réalité de son avènement qu'il s'agit. «Je suis la Résurrection et la Vie; celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra.»Ce qui surprend le plus ses auditeurs est l'autorité inouïe avec laquelle il parle.
Il dit: «Moïse vous a dit..., Moi, je vous dis...» Qui est ce «moi»? Le petit artisan de Nazareth? À l'écouter, comment ne pas percevoir le mystère de sa personne? «Il y a ici plus grand que le Temple!» (Matthieu, 12, 5-6), ose-t-il lancer à ses contradicteurs. Il appelle son père Abba (en araméen, «Papa chéri»), mot de tendresse et de filiation qui va très loin et dont on ne trouve pas trace dans les prières juives de l'époque (même si les Juifs ne méconnaissaient pas la paternité de Dieu).
Il marque aussi sa distance vis-à-vis de ses disciples: il dit «mon Père», jamais «notre Père», sinon pour leur enseigner la prière qu'ils devront réciter. Plus stupéfiant encore, il pardonne les péchés, ce que Dieu seul peut faire selon la loi juive. Pour les pharisiens, c'est odieux, inadmissible.

L'historien constate que cet homme était convaincu d'être le fils de Dieu

Sa personnalité surprend. Humble et doux, il jette pourtant de violents anathèmes, chasse les marchands du Temple, parle en prophète, mieux en maître absolu, s'impose avec une autorité inégalée, sans se référer à la loi juive. L'historien est en droit de conclure non pas que cet homme est Dieu, mais qu'il était convaincu d'en être le Fils, au sens fort du terme, vivant dans une relation fusionnelle unique, une intimité totale avec le Père.Grâce à l'Evangile de Jean, certaines de ses paroles peuvent être replacées dans leur contexte. Quand il dit à la foule: «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive!», on se situe au dernier jour de la Fête des cabanes (Soukkot) de l'an 32. Or, c'est précisément le jour où une procession de prêtres va chercher l'eau à la piscine de Siloé pour l'apporter au Temple dans une carafe d'or. Quand il ajoute quelques heures plus tard: «Moi, je suis la lumière du monde», la fête s'achève par le rite vespéral des lumières.

« Déposition de la Croix », par Giotto. Après la mort de Jésus, son corps, enlevé avec l'autorisation des Romains, est enseveli selon les préceptes de la loi juive.
«Déposition de la Croix», par Giotto. Après la mort de Jésus, son corps, enlevé avec l'autorisation des Romains, est enseveli selon les préceptes de la loi juive. Crédits photo : Alfredo Dagli Orti/Collection Dagli Orti
Dans le Temple, le peuple chante et danse devant les quatre chandeliers qu'on vient d'allumer, un flambeau à la main. Impossible de penser que ces paroles ont été imaginées a posteriori, des décennies plus tard! Une des grandes difficultés rencontrées par Jésus a été sa lutte contre le désir des foules de l'identifier au Sauveur justicier et guerrier dont tout le monde rêvait pour chasser les Romains. Mal à l'aise avec l'étiquette messianique, il préfère utiliser la figure étrange du «Fils de l'Homme», qui renvoie au chapitre 7 du livre de Daniel.
Ce faisant, il épaissit encore davantage le mystère de sa personne, car le «Fils de l'Homme» est une figure infiniment plus grande qu'un messie temporel: c'est un personnage mi-humain, mi-céleste, qui doit revenir à la fin des temps pour juger les hommes. Or, tantôt Jésus fait référence à ce personnage comme à quelqu'un d'extérieur à lui-même, tantôt il s'identifie pleinement à lui. Si l'on s'appuie sur l'Evangile de Jean, on constate qu'il n'y a pas eu de procès juif, au sens où Jésus serait comparu devant le Sanhédrin en séance plénière. Les historiens israéliens en ont d'ailleurs souligné l'impossibilité la veille de la Pâque.
C'est dans un but didactique et en raison de leur chronologie serrée que les synoptiques ont ramassé en un procès symbolique les controverses entre Jésus et ses adversaires sadducéens et pharisiens, qui s'étalent tout au long des chapitres 7 à 10 de Jean. Jésus a simplement été interrogé de manière informelle sur «sa doctrine et ses disciples» par le grand prêtre honoraire Hanne, peut-être entouré de hiérarques de Jérusalem. L'important était de le livrer au pouvoir romain en tant qu'héritier davidique se prétendant roi des Juifs. Le vrai procès de Jésus est le procès romain.

Jésus crucifié en tant qu'agitateur politique


« Crucifixion », par Vélasquez. Ce mode d'exécution des condamnés était courant dans l'Empire romain, jusqu'à son interdiction par Constantin, vers 320.
«Crucifixion», par Vélasquez. Ce mode d'exécution des condamnés était courant dans l'Empire romain, jusqu'à son interdiction par Constantin, vers 320. Crédits photo : Gianni Dagli Orti/Collection Dagli Orti
Ponce Pilate méprise Hanne et son gendre Caïphe, le grand prêtre en exercice, dont il se sert pour maintenir la paix dans le pays. Mais il refuse de se laisser instrumentaliser par eux. Il a compris que Jésus n'est pas le révolutionnaire à prétention messianique qu'on lui a présenté. «Mon royaume n'est pas de ce monde», lui a dit le prisonnier. Il tente donc de le libérer, non par compassion, mais par animadversion contre les grands prêtres.Par ailleurs, le comportement du préfet romain se comprend à la lumière du contexte de l'époque. L'année précédente, en 32, en effet, il s'était fait réprimander par l'empereur Tibère, à la suite d'une plainte des princes hérodiens, à propos des boucliers d'or portant des inscriptions à la gloire de Tibère (des idoles par conséquent pour les Juifs), introduits la nuit dans Jérusalem. Un an plus tard, les grands prêtres l'accusent de ne pas être «l'ami de César». C'en est trop! Une nouvelle plainte à Rome peut lui valoir son poste. Il est obligé de céder.
Ainsi, Jésus subira le cruel supplice de la croix en tant que Nazôréen, roi des Juifs, autrement dit agitateur politique, ce qu'il n'était pas. Avec sa seule méthode, l'historien s'arrête devant le tombeau vide, devant le linceul laissé à plat, comme si le corps avait disparu de l'intérieur, et les témoignages de ceux (les Douze, Jacques et plus de «cinq cents frères», dira saint Paul) qui assureront avoir vu Jésus ressuscité. Il bute sur le mystère de l'homme. Certes, le Jésus de l'Histoire ne s'oppose pas au Christ de la foi. Mais passer de l'un à l'autre relève d'une autre démarche, d'une démarche de liberté: celle de la foi. Historien, auteur notamment de Jésus.
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mercredi 19 décembre 2012

Mario Balotelli, l’enfant abandonné qui abandonne son enfant !




L’histoire, l’avait-on dit, est un eternel recommencement. En cela, le magicien du ballon italien Mario Balotelli marche sur les traces de ses illustres parents, illustres en irresponsabilité parentale. A peine né, le petit devenu plus tard Balotelli avait été abandonné dans les poubelles de l’hôpital. 22 ans plus tard, devenu homme sous l’égide des Balotelli  et footballeur talentueux mondialement connu non sans être riche à l’appui, le prodige métamorphosé italien contre nature, joue le remake version bad boy de l’abandon que lui firent ses parents : il abandonne sa fille nommée Pia par sa mère à celle-ci !Tout ce qu’il a trouvé à dire à la mère de sa fille est simple quand elle lui a dit qu’elle a accouchée d’une fille : « ah, ok, je m’en fiche !» Et le tour est joué. Le séjour, dit-on, d’un tronc d’arbre dans l’eau ne le transforme pas en crocodile ! Le footballeur avait beau être sauvé de la poubelle par le couple Balotelli qu’il n’en a pas moins gardé les gènes de ses parents à qui il ressemble maintenant, ses lugubres parents!
Si pour ses parents immigrés goutant à l’envers du paradis occidental dont rêve nombre d’africains il n’y avait pas les moyens de donner le meilleur à l’enfant qui venait de naitre, pour le fils, il rejette son enfant parce qu’il …en a énormément les moyens ! On avait toujours dit que l’extrémisme est dangereux que voilà la preuve : parent trop pauvre autant que fils trop riche égale abandon d’enfant ou mieux irresponsabilité !
Dimitri Mbouwe