La police et la gendarmerie Camerounaises ont la spécificité d’avoir défié le profil et les
priorités de carrière d’un policier ou d’un gendarme telles que mises sur pied
par le colonisateur Français. Chez nous, le meilleur poste de travail auquel aspire
un policier, est le contrôle routier.
Une contradiction totale avec la police occidentale pourtant mère de la
Camerounaise, où la pire insulte à faire à un policier est de l’envoyer à la
circulation routière. En occident, le policier rêve des grandes enquêtes où il
va élucider les forfaits les plus obscures alors qu’au Cameroun policiers et
gendarmes vous maudiront du plus mauvais sort si vous les retirez de la route.
La raison de cet antagonisme est simple : la corruption !
Les « hommes en tenue » Camerounais
se comportent en bordure de la route exactement comme dans leur cacaoyère où rien
n’est abandonné un tant soit peu et toute fève à un prix; maitres absolus
du destin des usagers à qui ils dictent tout, même des lois non écrites !Autant
dans une cacaoyère les herbes n’ont aucune raison d’être, autant en bordure des
routes tout est en délit ; les voitures ne manquent point de motif
accusatoire. Entre le dossier véhicule, la carrosserie, le chauffeur, les
passagers et les bagages, le malin policier finit toujours par tirer son épingle
du jeu, j’allais dire, par faire feu de tout bois, même sur l’Azobé !
Principale cause, la législation permet le contrôle
routier des voitures au bord de la route tandis qu’en Europe, ce n’est que dans
les stations taxi que les policiers vérifient la régularité d’une voiture avec
la loi ; en route le contrôle ne sert qu’à discerner les véhicules qui
dépassent les limites de vitesse ,entre autres. Un deuxième élément
favorable à la corruption routière est la cherté d’une verbalisation pour délit
de fuite entre autres de la part du chauffeur. Après le passage obligatoire au
tribunal où il est sera jugé, il
récoltera d’une amende d’au minimum 50.000fcfa. De ce fait, entre donner 500f
ou moins au policier « là là là » en bordure de route et
récolter une amende de 50.000fcfa au moins
à la barre, même un crétin a vite fait le choix. La qualité des voitures qui
circulent au Cameroun, que ce « clando » ou « opep » entre
autres et la régularité envers la loi de
celles-ci forment un mélange de mauvais genre où les deux sont rarement miscibles
et permettent à tout policier de se surprendre une royauté essentiellement
routière qu’il applique à coups d’extorsions de fonds à ses sujets. Un pays d’aveugle
donc, dont les borgnes sont devenus rois sinon dictateurs. Approchés pour avoir
leur avis sur ce problème, des policiers déclarent devoir récupérer l’argent en
pot –de –vin qu’ils ont versés pour passer le concours de police. Il est vrai
que cette pratique avait éclos officiellement
en 2001, quand une liste de 1500 élèves-policiers frauduleusement admis
au concours avait été publiée dans Cameroontribune. Mais curieusement, rien n’a
été fait contre eux. Mais pourquoi donc ?
Les discours du chef de l’Etat, en guerre contre ces
pratiques, ont été emportés par le vent. Les sanctions, toujours laxistes, sont
une sorte d’appel à la sinécure pour les incriminés. Pis-encore, l’arrivée de
la CONAC sur la scène politique n’a produit aucun effet sur la corruption
routière .Le premier rapport de celui-ci oublie carrément le bakchich du bord
de la route, pourtant, ils empruntent tous le macadam. Aucune volonté politique
manifeste de la part du gouvernement ne s’élève contre ce fléau à travers par
exemple, des licenciements et autres sanctions très forts, véritables précédents
dans la lutte contre ce mal, à l’exemple de l’arrestation de Siyam Siwé. C’est
comme si les politiques, qui ont tous été en Occident et savent comme se règle
la circulation sans délit et sans défaut, avaient abandonné ce secteur à la
camorra des commissariats et brigades.
Une arrivée à la Zorro dans le bordel du contrôle
routier pour foutre tout en l’air à grands coups de pieds est la solution qui
pour l’instant attend quand la poule aura les dents. Dans ce cas, pourquoi donc
rien ne change ?
Comme le temps passe et rien ne bouge, c’est que
forcément, il y a tapis dans l’ombre, un homme assez puissant qui tire les
ficelles de la géante pieuvre. C’est donc lui qui distille le tempo dans la famiglia.En version mafia, on dirait que
la combinazione sous la foi de l’ormetta est chapeauté par un grand capo, il capo de tutti capi,le dieu de
cette gangrène.
Jusqu’ici vu comme étant l’arbre qui cache la forêt, c’est-à-dire le
point saillant d’un iceberg immergé ; la corruption routière qui résiste à
tout, même à l’usage du temps, est en réalité plutôt la forêt qui cache un arbre,
c’est-à-dire qu’un grand seigneur se cache derrière cette malversation pour
exister. Ne laisse-t-on pas sciemment policiers et gendarmes s’occuper de la
route au lieu du droit ? Ayant été trempé dans le mal jusqu’au cou grâce à
la bénédiction toute puissante, peuvent-ils encore empêcher le seigneur de
tourner en rond ?
Des corrompus que l’on voudrait utiliser contre la
corruption…
Dimitri Mbouwe
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